 
    INTRODUCTION AUX MÉTHODES DE CONTRÔLE
  
      DES INSECTES NUISIBLES
      
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        On peut  souvent prévenir les dommages causés aux plantes de jardin en 
      observant  régulièrement celles-ci afin de déceler rapidement la présence de certains  ravageurs. Il est souvent plus facile de contrôler les insectes nuisibles  lorsqu’ils sont jeunes et lorsque les populations ne sont pas trop grandes. Une  attention particulière devrait être prêtée aux plantes qui auraient subi des  dommages importants l’année précédente. Vous pourriez ainsi éviter que les  mêmes insectes s’y installent à nouveau pour causer d’autres dommages. Une  vérification régulière de vos plantes devrait se faire tout au long de  l’été.    
Il y a eu  un temps où l’on recommendait l’application d’insecticides comme première intervention  contre les insectes nuisibles. Ce temps est heureusement loin derrière nous.  Nous connaissons maintenant les effets dangereux de certains insecticides pour  l’environnement, pour nous et pour les organismes non ciblés (oiseaux,  poissons, insectes utiles, etc.). Si vous jugez que vous devez intervenir pour  contrôler les populations de certains insectes ravageurs, plusieurs  possibilités s’offrent à vous.  
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| Nous  connaissons maintenant les effets dangereux des insecticides sur les enfants,  les animaux et l’environnement. Il existe plusieurs méthodes de contrôle des  insectes nuisibles autres que l’application de produits chimiques. Ces méthodes  respectent notre environnement fragile. | 
Méthodes physiques
Enlever les insectes à la main. Cette méthode est probablement la  plus simple pour se débarrasser d’insectes ravageurs sur peu de  plantes.  Certains insectes, comme les  coléoptères, se laissent tomber par terre lorsqu’ils sont dérangés. Vous pouvez  donc secouer la plante en plaçant un gros plat ou un linge de couleur pâle en  dessous pour recueillir les insectes tombants. D’autres insectes, comme les  chenilles, s’agrippent fermement à la plante mais peuvent facilement être  enlevés à la main. Tous les stades de développement (œufs, larves, nymphes et  adultes) peuvent être ainsi éliminés. 
          
        Lorsque  vous avez enlevé les insectes ravageurs de vos plantes, vous pouvez:
  
  •  les  noyer dans de l’eau savonneuse : la goutte de savon ajoutée à l’eau  élimine la tension de surface (cette tension permet aux insectes de flotter à  la surface et donc de prendre des heures ou parfois même des jours avant de  mourir);
  •  les  mettre dans une solution d’alcool isopropylique (alcool à friction) à 70 %, si  vous désirez conserver les insectes;
  •  les  mettre dans un pot au congélateur pour quelques heures. Après la congélation,  on peut disposer des insectes ou les garder (pour commencer une petite  collection par exemple!). Attention, certains insectes trouvés à l’automne ont  une bonne résistance au gel, car ils s’apprêtaient à hiberner. Ces insectes  produisent une sorte d’antigel dans leur corps : le glycérol;
  •  les  écraser. À la main, ou en utilisant une « roche d’exécution ».  Celle-ci sera toujours utilisée pour écraser les insectes et vous évitera de  salir toutes sortes de surfaces (comme les dales, le pavé uni ou l’asphalte).  Vous pouvez aussi utiliser un « soulier d’exécution » ou un « gant  d’exécution ».
      
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| Enlever les insectes à la main peut être une méthode simple et efficace pour se débarasser de certains insectes ravageurs sur peu de plantes. | 
Arroser d’un jet d’eau puissant. Cette méthode fonctionne généralement bien pour déloger de petits insectes comme les pucerons, cochenilles, petites chenilles sur les plantes. Vous pouvez adapter la puissance du jet de façon à ne pas détruire vos fleurs.
Éliminer feuilles ou branches infestées. Cette méthode peut-être efficace si l’infestation est localisée. Par contre, on devrait minimiser la taille de branches d’arbres car certains insectes sont attirés par les coupures fraîches.
Bien travailler la terre avant d’y installer un jardin de fleurs ou de légumes ou avant d’y semer du gazon. Vous exposerez ainsi les larves d’insectes ravageurs aux intempéries et aux prédateurs. Vous pouvez également les recueillir à la main.
Pièges à insectes. Vous pouvez construire ou vous procurer des  pièges à insectes qui pourraient réduire le nombre de certains insectes  nuisibles dans votre jardin. Il existe plusieurs sortes de pièges : pièges  lumineux, pièges à phéromone, pièges collants, pièges à appât, etc. Si vous  construisez vous-même un piège, il suffit de connaître la biologie de l’insecte  ciblé et d’avoir recours à votre imagination. Par exemple, on peut construire  un piège avec un sceau et du papier journal humide pour attirer les  perce-oreilles. On peut enterrer des morceaux de pomme de terre pour attirer  les vers fil-de-fer loin de nos légumes de potager. Pour capturer les limaces  (qui ne sont pas des insectes!), on peut mettre de la bière dans des contenants  enfouis dans le jardin. Une fois les insectes piégés, il est important de les  détruire pour éviter qu’ils retournent dans le jardin. 
          
      
|  | Des pièges à insectes, comme par exemple ce piège collant, peuvent être installés au jardin pour capturer certains insectes nuisibles incluant les cicadelles ou les altises. Par contre, d’autres insectes utiles comme les syrphes et les abeilles, peuvent aussi se faire prendre au piège…
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Créer des obstacles: Ceux-ci servent à empêcher les insectes de se  rendre aux plantes. Vous pouvez :
          
  •  utiliser  un recouvrement (ex. : toile agrotextile, moustiquaire) sur les plantes  plus susceptibles d’être attaquées par certains ravageurs;
  •  protéger  les jeunes plants qui semblent se faire manger (par les vers gris par exemple).  Utilisez un cylindre de carton, plastique ou de métal (boîte de jus congelé ou  boîte de conserve avec extrémités enlevées) disposé autour des semis et  plantules;
  •   enduire  la base des plantes de substances collantes (de type « tanglefoot »  ou avec de la gelée de pétrole) si des insectes rampants (ex. : chenilles)  semblent y grimper pour manger les feuilles ou pour empêcher les fourmis de  protéger les pucerons par exemple;
  •  utiliser  des substances abrasives comme de la poussière de roche ou des coquilles d’œuf  broyées autour des plants endommagés. Ces substances abrasives endommagent la  peau des insectes rampants (ou autres organismes rampants comme les limaces) au  point de les tuer. Cependant, cette méthode peut aussi tuer les insectes  utiles.
      
Lutte biologique
La lutte biologique consiste à utiliser des ennemis naturels (prédateurs, parasites, parasitoïdes, agents pathogènes) pour réduire le nombre d’insectes ravageurs.
Les  insectes prédateurs et parasitoïdes sont utilisés depuis longtemps dans la  lutte biologique. Il est même possible d’acheter certains de ces insectes pour  les relâcher en plus grand nombre. Par contre, il y a des limites à  l’efficacité de certains d’entre eux, surtout lorsqu’ils sont utilisés à  l’extérieur (comme dans les jardins). Par exemple, les coccinelles (prédatrices  de pucerons) sont habituellement vendues au stade adulte. Il n’est alors pas  garanti qu’elles iront s’installer dans votre jardin. Elle peuvent simplement  décider d’aller dans le jardin du voisin! Les chrysopes elles, qui sont aussi  des prédatrices de pucerons, sont habituellement vendues sous forme  d’œufs.  Ceci est plus efficace car à  l’éclosion, les larves, qui n’ont pas d’aile, devront rester près de leur lieu  d’éclosion.  
        Il est  toutefois préférable et moins coûteux de simplement encourager la présence de  ces ennemis naturels au jardin :
  
  •  on  doit tout d’abord éviter l’application d’insecticides sur les plantes, ce qui  repousserait ou tuerait les insectes utiles;
  • une  grande diversité de fleurs et de plantes au jardin peut attirer un grand nombre  d’insectes prédateurs ou parasitoïdes. Les plantes de la famille apiacée  (carotte, persil, aneth, coriandre, etc.) et astéracée (pissenlit, camomille,  chrysanthème, tournesol, etc.) sont particulièrement attirantes pour ces  insectes;
  •  en  plaçant des pierres ou du paillis dans le jardin, on fournit ainsi des abris  pour plusieurs insectes prédateurs;
  •  les  oiseaux consomment eux aussi des quantités importantes d’insectes au jardin. On  peut placer des bains d’oiseaux et des abris (arbres, arbustes) pour les  attirer.
  
        L’utilisation  de « biopesticides » est de plus en plus populaire en lutte  biologique. Cette méthode utilise des agents pathogènes pour lutter contre  certains insectes dans les jardins. Ces agents pathogènes sont en fait des  micro-organismes comme des bactéries, champignons, nématodes ou virus. Par  exemple :
  • certains  nématodes (petits vers microscopiques) peuvent être utilisés pour lutter  contre les vers blancs dans les pelouses;
  • différentes  souches de la bactérie Bt (Bacillus  thuringiensis) peuvent être utilisées pour lutter contre certains insectes  de jardin. Par exemple, la souche Btk (Bacillus  thuringiensis kurstaki) est utilisée pour lutter contre les chenilles de  papillons (péride du chou, sphinx de la tomate, etc. ) alors que la souche Bti  (Bacillus thuringiensis israelensis)  est utilisée pour lutter contre les larves de moustiques et de mouches noires.  Il y a peu ou pas de risque pour la santé humaine et pour l’environnement  associé à l’utilisation du Bt.
  
  
      
Lutte chimique
Lorsque  les autres méthodes de contrôle ont échoué, on peut considérer l’utilisation  d’un insecticide ayant le moins d’impact possible sur l’environnement. Voici  quelques-uns de ces produits:
        
      •  Savons  insecticides. Ceux-ci endommagent la couche extérieure de leur exosquelette,  entraînant la déshydratation de l’insecte. Le produit doit entrer en contact  avec l’insecte pour le tuer. Les savons insecticides fonctionnent  particulièrement bien pour les insectes à corps mou (chenilles, thrips,  pucerons, etc.). On peut se procurer ces produits (de marque Safer ou autres)  dans les centres de jardinage et les quincailleries. On peut également  fabriquer son propre savon insecticide en mélangeant 20-25 ml de savon à  vaisselle liquide dans 4 litres d’eau. Certaines plantes ne tolèrent pas bien  les savons insecticides. Vous pouvez tester le savon sur une petite surface de  la plante avant de l’appliquer en plus grande quantité;
• Insecticides  botaniques à base de pyréthrine. Ceux-ci sont fabriqués à partir d’une poudre  de fleurs séchées du chrysanthème de Dalmatie (Chrysanthemum cinerariaefolium). Ils agissent en paralysant les  insectes au contact. Ceux-ci sont légèrement toxiques pour les humains et les  oiseaux mais très toxiques pour les grenouilles, couleuvres et les poissons.  Heureusement, ils se dégradent rapidement dans l’environnement;
•  Huiles  de dormance. Ces huiles sont habituellement pulvérisées sur les arbres ou  arbustes au printemps avant la sortie des feuilles et des nouvelles pousses.  Elles enrobent les œufs d’insectes, les privant ainsi d’oxygène. Ces huiles  peuvent être utilisées, entre autres, contre les pucerons et les cochenilles.  Par contre, elles tuent également les insectes utiles.
      
      Il  existe plusieurs autres méthodes pour prévenir les infestations ou pour lutter  contre les ravageurs au jardin. Certaines de ces méthodes accordent de  l’importance aux choix de plantes et à leur disposition au jardin (connues sous  le nom de compagnonnage). Certaines plantes à odeur forte vont masquer l’odeur  des plantes recherchées par certains insectes, alors que d’autres les  repoussent tout simplement. Il existe également une variété de « recettes  maisons » d’insecticides à base d’agrume, d’ail, de piment fort ou autres  substances naturelles qui peuvent éloigner certains insectes. Informez-vous des  possibilités. Cependant, rappelez-vous que le but des méthodes de contrôle  n’est pas d’éliminer tous les insectes. Un jardin sans insecte est un jardin  sans vie. L’agrément d’avoir un jardin devrait également provenir du plaisir  d’observer les organismes qui l’habitent.
      
      
© 2008 Stéphanie Boucher. Tous droits réservés. Aucune partie de ce document (texte ou photos) ne peut être reproduite ou utilisée à des fins publiques ou commerciales. Le document ne peut être utilisé qu'à titre strictement personnel.